Les cigares sont un des derniers grands produits de consommation issus de l’artisanat représentant pour certains des oeuvres d’art.
Voici la liste des outils qu’utilisent les rouleurs de cigares plus communément appelés les torcedores.
Tabla (Table ou planche à rouler) : comme son nom l’indiquer cet outils se présente sous la forme d’une planche souvent en cèdre utilisée comme support pour couper et rouler le tabac des cigares premium. |
Chaveta : Une lame de couteau sans manche en forme semi-circulaire pour couper les feuilles de cape ou sous cape. |
Guillotine : Utilisée pour couper le cigare à sa longueur correcte . |
Casquillo : Cet outil prend la forme d’un emporte pièces cylindrique permettant de découper un disque dans les chutes de la feuille utilisée pour la cape qu’il viendra coller sur la tête du cigare. |
Goma : colle naturelle végétale (Tragacanthe) – pour fixer le disque sur la tête du cigare et finir de coller la feuille cape dans certains cas. |
Cepo : Gabarit permettant le contrôle de longueur et diamètre du cigare. |
Cette vidéo courte d’un Torcedor vous présentera l’utilisation faite par ces outils.
Lexique trilingue des outils du torcedor
Dans l’univers du cigare roulé à la main, les outils du torcedor sont parfois désignés par des termes spécifiques selon les régions et les langues. Ce tableau vous propose un lexique en français, espagnol et anglais pour mieux comprendre cet artisanat, que vous soyez amateur éclairé, voyageur, ou simplement curieux du vocabulaire traditionnel.
🇫🇷 Français | 🇪🇸 Español | 🇬🇧 English |
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Chaveta | Chaveta | Chaveta knife |
Planche de roulage | Tabla de torcido | Rolling board |
Moule à cigare | Molde | Cigar mold |
Presse | Prensa | Cigar press |
Guillotine | Guillotina | Guillotine cutter |
Emporte-pièce (chupi) | Perilla / Sacabocados | Cigar punch |
Colle végétale | Goma vegetal | Vegetable glue |
Bronchera | Bonchera | Bonchera machine |
Jauge de calibre (cépo) | Cépo / Galga | Ring gauge tool |
Feuille de cape | Capa | Wrapper leaf |
Feuille de sous-cape | Capote | Binder leaf |
Feuilles de tripe | Tripa | Filler leaves |
Le processus de roulage étape par étape
Pour mieux comprendre l’utilité de chaque outil du torcedor, voici les principales étapes de fabrication d’un cigare roulé à la main :
1. Préparation des feuilles
Avant toute chose, les feuilles sont humidifiées pour les assouplir.
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Outil utilisé : Table de roulage, boîte humidifiée (non mentionnée mais parfois utilisée en amont)
2. Tri de la tripe (le remplissage)
Le torcedor sélectionne plusieurs feuilles pour former la tripe : ligero, seco, volado.
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Pas d’outil spécifique ici, mais beaucoup d’expertise humaine.
3. Roulement de la tripe dans la sous-cape
Les feuilles de tripe sont roulées dans une sous-cape, formant une première ébauche de cigare.
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Outil utilisé : Bronchera (facultative) ou simplement les mains sur la planche de roulage
4. Mise en forme dans un moule
Le cigare en sous-cape est placé dans un moule à cigare en bois.
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Outil utilisé : Moule (Molde)
5. Pressage
Le moule est placé dans une presse pour donner une forme parfaitement cylindrique au cigare.
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Outil utilisé : Presse (Prensa)
6. Pose de la cape
Le torcedor coupe une feuille de cape à l’aide de la chaveta et la colle soigneusement autour du cigare.
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Outils utilisés : Chaveta, planche, colle végétale (gomme)
7. Fermeture de la tête
Un petit cercle de cape est découpé avec un emporte-pièce (Chupi) et posé à l’extrémité du cigare pour le sceller.
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Outil utilisé : Emporte-pièce, colle
8. Coupe finale et calibrage
Le cigare est coupé à la bonne longueur et contrôlé pour son calibre.
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Outils utilisés : Guillotine, cépo (jauge de calibre)
Histoire et culture du métier de torcedor à Cuba et en République dominicaine
Origines du métier de torcedor
Le terme torcedor, signifiant « rouleur » en espagnol, désigne l’artisan spécialisé dans le roulage des cigares. Cet artisanat trouve ses racines à Cuba, où, après l’abolition du monopole royal espagnol en 1817, les Cubains furent autorisés à développer leurs propres manufactures de cigares. Ce contexte a favorisé l’émergence du métier de torcedor, dont le savoir-faire s’est transmis de génération en génération.
Expansion en République dominicaine
Avec le temps, l’expertise cubaine en matière de roulage de cigares s’est exportée vers d’autres régions productrices de tabac, notamment en République dominicaine. Cette dernière est devenue un centre majeur de production de cigares, bénéficiant de conditions climatiques favorables et d’une main-d’œuvre qualifiée. Des marques prestigieuses telles que Davidoff ont contribué à asseoir la réputation des cigares dominicains sur la scène internationale.
Formation et hiérarchie des torcedores
Devenir torcedor requiert une formation rigoureuse, généralement dispensée au sein des manufactures de cigares. Cette formation, d’une durée de 9 à 12 mois, combine apprentissages théoriques et ateliers pratiques, couvrant la culture du tabac, la sélection des feuilles, les techniques de roulage, ainsi que des séances de dégustation pour affiner le palais des apprentis. Les torcedores sont classés en catégories, de la 7ᵉ à la 9ᵉ, en fonction de leur compétence et de leur capacité à rouler des cigares de différentes tailles et complexités.
Importance culturelle et reconnaissance
Le métier de torcedor est hautement respecté à Cuba et en République dominicaine, symbolisant un patrimoine culturel riche et une tradition artisanale d’excellence. Les torcedores jouent un rôle crucial dans la préservation de la qualité et de l’authenticité des cigares, contribuant ainsi à la renommée mondiale des productions cubaines et dominicaines.